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Les MRE doivent se constituer en un groupe parlementaire
26 juin 2007

Nous étions les seuls à revendiquer la création d’une institution politique pour gérer le dossier multidimensionnel des MRE


Les MRE doivent se constituer en un groupe parlementaire

Said Charchira, n’est plus président du CONGRESS (congrès mondial des marocains de l’étranger) depuis qu’il a épuisé, en novembre dernier, les deux mandats statutaires, mais en reste membre et expert. Il dirige un institut de conseil à la migration dépendant de l’université de Bonn en Allemagne. C’est à ce titre qu’il s’exprime et fait des propositions à propos de la représentativité politique et l’organisation du futur conseil Supérieur des MRE. Entretien.

Vous aviez appelé, il y a quelques mois à la création d’une institution gouvernementale, politique et officielle chargée des questions des citoyens marocains établis à l’étranger, leur permettant une représentativité au Parlement. Après le discours royal du 6 novembre, êtes-vous satisfaits ?

IL est évident qu’en tant qu’acteur actif qui a été modestement à l’origine de plusieurs analyses et propositions sur la question, je ne peux qu’être satisfait du discours prononcé par le Souverain le 6 novembre dernier. Mais il faut rappeler aussi qu’il a été déjà répondu à certaines revendications contenues dans le mémorandum de septembre 2002, que j’avais rédigé et présenté au nom du CONGRESS aux autorités marocaines. Nous étions les seuls à revendiquer la création d’une institution politique pour gérer le dossier multidimensionnel des MRE. Le ministère chargé du dossier MRE a été créé, mais le contenu qui lui a été donné, ne lui a permis ni de moderniser, ni de démocratiser la gestion de ce dossier. Il est resté malheureusement en stand by.

2 - Que peut apporter la représentativité des MRE au Parlement ?

La participation des MRE ne devrait être vue ni comme une fin en soi, ni seulement sous l’angle de l’exercice de la citoyenneté. Elle doit être vue surtout sous l’angle de l’apport d’une valeur ajoutée aux débats des grands chantiers. En effet, personne n’accepterait de voir les élus MRE venir augmenter le nombre d’absences aux séances parlementaires, encore moins se fondre dans la politique partisane et oublier l’essentiel. L’apport des élus MRE est tributaire des critères et des conditions de cette participation. La participation active des élites MRE qui sont porteuses d’une vision de l’Etat de droit, du respect de la démocratie et des droits humains, est vitale pour la construction de l’avenir de notre pays. C’est aussi de cette façon, que ces Marocains d’ailleurs vont acquérir la certitude qu’ils participent à la construction du Maroc d’une façon autre que par le transfert de devises. Cependant, il est nécessaire de permettre à ces élus MRE de se constituer (à défaut d’un groupe) en une commission MRE. Il est certain, que ceci est un vaste débat, dans lequel la quasi-certitude est que cette possibilité de se mettre en groupe ou en commission MRE ne ferait pas l’unanimité, ni au sein du gouvernement, encore moins au sein des partis politiques. Pourtant cela est possible dans la mesure où la question n’est pas d’ordre constitutionnel mais d’ordre politique et organisationnel.

3- Que reprochez- vous à l’expérience de 1984 qui avait permis une certaine représentativité des MRE au Parlement ?

Les élections législatives de 1984 ont permis au Maroc de connaître sa première et unique expérience en matière de représentation institutionnelle des Marocains de l’étranger. Cette expérience a révélé des lacunes et des faiblesses qui furent à l’origine de son interruption. Elle a été fortement critiquée pour des raisons liées à la fois aux conditions de son organisation et son déroulement et à son bilan législatif et politique. Les autorités de l’époque avaient opté pour un découpage électoral restreint qui ne traduisait pas la diversité de la communauté et ne tenait pas compte des réalités locales (cinq circonscriptions électorales) pour des Marocains présents dans les quatre continents et l’élection de quatre députés. Chiffre qui ne reflétait pas le nombre des Marocains de l’étranger (quelques 1,8 millions) à l’époque. Les opérations de vote, les résultats et l’organisation générale ont fait l’objet de manipulations et d’irrégularités dénoncées par tous. De même, les quatre députés élus ont fait preuve d’un manque de stabilité politique et d’attachement à leurs engagements. Dès les premières années de la législature, ils ont rejoint d’autres partis et se sont fondus dans les partis politiques et n’avaient plus ni contact ni attachement à leurs engagements vis-à-vis de la communauté marocaine de l’étranger.

4 - Pourquoi voule-vous que les élus qui représenteraient les MRE ne dépendent pas des partis politiques ?

La question n’est pas une question de dépendance. Elle est d’ordre d’efficacité de participation. Et l’expérience de 1984 est là pour nous le rappeler. C’est pour cela, qu’il me semble, que la meilleure façon, non seulement de ne pas se fondre dans les partis politiques, mais également de jouer leur rôle, est de se constituer en groupe ou en commission. La participation des nouvelles générations des MRE qui ne maîtrisent pas la langue arabe sera possible, dans la mesure où ils auront la possibilité de véhiculer leurs idées au sein du groupe ou de la commission MRE. Il est évident, que cette question sera l’objet de surenchère politique, notamment en ce qui concerne le vote sur les grandes questions ou sur l’approbation du programme du gouvernement etc. Mais la solution ou le compromis, comme les acteurs de la vie politique aiment répéter, est possible. Les partis politiques sont en perte de vitesse et peinent à s’implanter au sein de la communauté marocaine de l’étranger. Leur activisme actuel répond plus à des échéances électorales qu’à des programmes politiques avérés. Cette question de "groupe ou de commission MRE" est d’autant plus importante, que nous n’avons aujourd’hui, ni les moyens intellectuels, ni le recul politique nécessaire, encore moins l’honnêteté intellectuelle pour réaliser suffisamment les retombées positives sur la participation active des élus MRE sur le champ politique marocain.

5 - Comment imaginez-vous l’application concrète d’une telle décision (nombre de circonspections, équilibre géographique, nombre de Marocains d’ailleurs...) ?

Pour que cette participation réussisse, il est nécessaire d’être sincère dans la recherche de solutions. Les circonscriptions et le nombre d’élus doivent refléter la diversité géographique et le nombre de Marocains de l’étranger. D’où la nécessité de créer entre 10 et 15 circonscriptions et un minimum de 25 ou un maximum de 30 élus MRE. Par ailleurs, vu, la présence des MRE, qui se caractérise par une diffusion large et diverse dans les sociétés d’accueil à l’échelle continentale, le vote électronique et/ou par correspondance doit être sérieusement envisagé. Pour permettre aux futurs élus MRE de participer à relever les défis du 3ème millénaire, il est nécessaire de créer les conditions leur permettant de se constituer (à défaut d’un groupe parlementaire) en une commission MRE. En outre, il est important, que la liste des candidats soit équilibrée entre les générations des MRE. Et l’égalité entre hommes et femmes doit être prise en considération. La langue arabe ne doit pas être un handicap à la participation des nouvelles générations. L’essentiel est que ces jeunes puissent véhiculer leurs idées au sein de la commission MRE. Le rejet de la participation des amicalistes, vu le rôle répressif et dilatoire qu’ils ont joué envers les citoyens marocains à l’étranger dans les années de plomb, comme l’a suggéré le rapport final de l’IER, doit être respecté.

6 - Quel est le mode de scrutin le plus approprié selon-vous ?

Pour éviter de réitérer les lacunes de l’expérience de 1984 et vu les difficultés logistiques dues essentiellement à des administrations consulaires démunies, sans moyens réels, aux risques de manipulation etc., il me semble que le choix d’une liste électorale à l’image de la liste des femmes, lors des législatives de 2002 est judicieux.

7 - Le discours royal a également annoncé la création d’un Conseil supérieur des MRE. Que proposez-vous pour qu’une telle institution soit efficace ?

Il me semble évident, qu’un conseil qui consiste à rassembler des Marocains de différents horizons professionnel (artistes, sportifs, entrepreneurs, commerçants, professions libérales,...), ne peut être qu’une sorte de rassemblent annuel occasionnel où l’on distribue éloges et congratulations... Dans ce genre de rencontres, les débats ne pourront pas être propices et n’apporteront rien de nouveau. C’est pourquoi, je plaide pour un conseil composé des élites qui ont politiquement une vision, des compétences, une expérience, un savoir-faire, et peuvent par conséquent être une force de proposition. Par ailleurs, pour que le conseil soit une initiative efficace et non un effet d’annonce, il est important, d’éviter des nominations inadéquates, motivées par le clientélisme et le favoritisme. Sil est vrai que le temps presse, nous devons tous garder à l’esprit, que le conseil n’est pas une fin en soi. Concrètement, il existe une palette très large de possibilités et de solutions permettant la constitution du conseil supérieur de la communauté marocaine de l’étranger. L’élection, la cooptation, la désignation, la nomination, le quota sont autant de méthodes qui peuvent être utilisées pour assurer une composition la plus proche possible de la réalité. Il est évident que chacune de ces méthodes comporte des avantages et des inconvénients. Toutefois il est incontestable que la meilleure solution reste l’élection. Cependant, le discours du Souverain du 6 novembre dernier concilie les deux hypothèses à savoir l’élection et les nominations. C’est pour cela, qu’il me semble, qu’à l’inverse de certaines positions qui tendent à discréditer le mouvement associatif des Marocains de l’étranger dès qu’il s’agit de représentativité, il faut les faire participer. En effet, il est certainement judicieux de leur permettre d’élire leurs représentants à travers une ou plusieurs listes à hauteur d’un tiers de la composition du conseil. Le deuxième tiers sera réservé à la nomination des élites, qui ont une expérience, des compétences et un savoir-faire, leur permettant d’être une force de proposition pour que leur dossier soit géré autrement. Cependant, il est nécessaire d’éviter la nomination de certains individus proposés arbitrairement par certains responsables marocains, sur proposition tout aussi arbitraire des consulats et ambassades. Car ces individus ne s’intéressent qu’à graviter autour du pouvoir pour le plaisir d’être vus et photographiés. Ils ne sont porteurs d’aucune proposition, encore moins d’une vision. Le dernier tiers sera composé des représentants du gouvernement, des partis politiques, des syndicats, fondations.... Il est évident que, tant au niveau de la participation politique qu’au niveau de la composition du conseil supérieur, la participation des amicalistes, qui ont contribué à la répression dont ont fait l’objet les élites de la communauté marocaine de l’étranger ne peut être tolérée. C’est d’ailleurs une des recommandations du rapport final de l’IER.

Le Reporter - Rédaction

Mis en ligne le 4 février 2006

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